A graduate of Ecole des Beaux Arts de Paris and grand prize winner of the First Tehran Biennale after the Revolution. Azadeh Yavari's paintings and drawings are regularly exhibited in Paris. Many of her works focus on women in solitude, who are quietly placed in various Persian-inspired environments where life goes on for lonely women who can actually enjoy it. Azadeh's preoccupation with elaborate patterns, fabrics and screens creates complicated layers of visual fiction with postmodern lens on exoticism of the "Orient". Her paintings and drawings are poetic interplays between light and color. These sensual effects of her visual dialogue create a stimulating narrative, which is focused on different cultural and aesthetic considerations of Iranian tradition.                                      Hengameh Fouladvand, artist and writer

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Hommage à Azadeh

Azadeh, la peinture de l'absence

Peinture du silence, de l'absence. Variations subtiles sur la séparation, la solitude, l'impossibilité de l'échange : femmes privées du regard et de la parole, privées de ce qui relie l'humanité au monde, l'humanité à elle-même. Restituées dans cette capacité existentielle par le regard d'Azadeh, qui voit la femme qui ne voit pas le monde, qui les voit ensemble, englobés dans un même regard, posés côte à côte, séparés et réunis dans le tableau. Azadeh sait que la femme qui ne voit pas le monde connaît pourtant son existence, et le voit sans doute avec son regard tourné vers elle-même ; c'est pour ça aussi peut-être qu'elle est immobile, concentrée dans la contemplation intérieure d'un monde inaccessible, et si intensément désirable.

(…)Et puis voici de grands rideaux  qui séparent une terrasse d'un champ doré : le mur se fait voile léger, transparent, le rideau se couvre de fleurs et d'oiseaux magnifiques, la nature l'investit, la frontière s'estompe : le rideau sépare deux mondes qui se ressemblent, deux mondes un peu vaporeux, éthérés, imprécis. Mais en même temps il est un piège, la nature n'y est qu'une image, un faux-semblant. Le rideau envahit la toile, il est le sujet du peintre ; il est plus ou moins lourd ; dans certains tableaux il se soulève, comme sous l'effet d'un souffle d'air ; il s'entrouvre, il pourrait laisser passer, on pourrait peut-être accéder au dehors ; mais ce n'est sans doute qu'une illusion. La femme n'est plus là.

Il arrive aussi que tout se ferme ; il n'y a  plus que la fermeture sur la toile : une grille noire, opaque, encadrée de somptueux rideaux ; le grand paysage est derrière, devenu invisible, rendu présent par son absence si radicale.

Et puis tout change encore :  la femme est là, à nouveau, à l'intérieur de la maison, mais cette fois elle regarde le paysage somptueux, les hautes montagnes dorées, elle ne leur tourne plus le dos ; son regard s'est échappé, a franchi la barrière. Et maintenant voici qu'elle est passée dehors, de l'autre côté de la fenêtre, et elle se tourne vers l'intérieur, vers la maison, qu'elle regarde intensément, immobile, avec son visage effacé. Le dedans et le dehors s'inversent.

(…) Car cette peinture est aussi celle du désir : le monde est beau, irrésistible avec ses couleurs fastueuses, chaudes, ses rouges et ses ocres, ses grands arbres, ses montagnes dorées, ses ciels si bleus, traités avec de grands aplats très lisses et des lignes simples et pures. Mais la maison confortable et douce enferme, fenêtres, murs, draps, rideaux, grilles, de multiples barrières emprisonnent les femmes sans visage et les séparent de la force de leurs désirs, que révèle dans chaque tableau la splendeur du monde, impossible à pénétrer et pourtant à portée de main, ou de regard, derrière le voile qui parfois se soulève.

« Le ciel est, par-dessus le toit,

        Si bleu, si calme ! »

Paris, 6mai 2011

Nicole Pot Jalladeau, amatrice d'art